Depuis 2011, des militantes ont lancé une campagne sur internet pour revendiquer le fait d’aller bien après une IVG. Leur discours est simple : “Avorter est notre droit, avorter est notre décision. Cette décision doit être respectée : nous ne sommes pas des idiotes ou des inconséquentes. Nous n’avons pas à nous sentir coupables, honteuses ou forcément malheureuses. […] Nous disons haut et fort que l’avortement est notre liberté et non un drame.” La déclaration a été signée depuis son lancement par quelques 4 000 personnes qui veulent dire haut et fort : “Je vais bien, merci”.
Bien sûr, les femmes ne réagissent pas de la même façon à l’issue d’une interruption de grossesse. Bien sûr, certaines vont très bien après et ne souffrent d’aucune séquelle.
Mais les autres ? A qui peuvent-elles parler ? Qui pourra entendre leur souffrance ?
L’IVG, vécue comme un progrès pour la cause des femmes, tend à être présentée comme un acte quasiment anodin, purement médical. Pourtant, certaines femmes gardent de graves séquelles psychologiques de leurs IVG. Et, pour la majorité d’entre elles, elles ne savent pas à qui parler de cette grande souffrance. Elles restent murées dans leur silence et la blessure se creuse. Puisqu’on leur dit qu’on va bien après une IVG, pourquoi et comment dire que non, ce n’est pas le cas pour elles ? Que même 20 ans après, elles repensent à cet acte tous les jours ? Que ce souvenir les hante et les empêche de construire leur vie sereinement ?
Comment ces femmes vont-elles pouvoir dire “J’ai subi une IVG et je vais mal”, simplement?
Comment croire que ces témoignages de souffrance empêchent celles qui vont bien de continuer à aller bien ?
Alors, de la même façon que personne ne supposent que toutes les femmes vont mal après une IVG, ne supposez pas non plus que toutes vont bien. Merci.
Réflexions