Réflexions

Qu’est ce que le syndrôme post-avortement ? Lucile qui a vécu une IVG nous partage ses réflexions.



Qu’est-ce que le syndrome post-avortement ? Pourquoi une femme va-t-elle si mal après un avortement, pourquoi est-elle si dépressive ? C’est ce que nous allons voir ici avec les explications suivantes qui ont été données ici avec beaucoup d’amour et d’humour par la sage-femme avec qui j’ai fait ma thérapie post-avortement (qui a eu l’expérience de ce qu’elle enseigne, et qui a su expliquer avec une grande finesse des choses pas toujours faciles à dire, à entendre et à comprendre pour la plupart d’entre nous ou qui n’ont jamais été enseignées aussi clairement, je pense !). J’ai passé beaucoup de temps avec elle à écrire et à corriger ce qui suit, afin que ce travail soit fiable et juste, car je sentais intérieurement que c’était très précieux pour d’autres personnes.

Le syndrome post-avortement (post-abortif) :

Au départ, la femme pense avoir fait le bon choix après l’annonce de sa grossesse non désirée. Elle est paniquée, en grande détresse psychologique. Après l’I.V.G., elle se sent soulagée, car elle peut avoir subi de grosses pressions qui l’ont amenée à avorter. Au fur et à mesure que le temps passe, elle va alors avoir à faire face à des regrets, à des remords, à une souffrance à très long terme qui vont se transformer en enfer et qui peut durer des années. Cela se manifestera par des dépressions nerveuses au moment de la date de naissance ou d’avortement de son bébé ou au moment de Noël ou de la fête des mères.

Voici quelques exemples de réactions ou symptôme que l’on retrouve souvent :

– Un sentiment profond de culpabilité, de honte et de ressentiment de la femme qui a avorté, mais qui n’a pas le droit de se plaindre de cette souffrance énorme qui n’est pas reconnue par le corps médical.

– Des difficultés à pardonner à la personne qui l’a poussée à avorter.

– Des problèmes liés à la maternité qui a été blessée au plus profond de son être.

– Des difficultés à faire le deuil du bébé avorté car on lui a volé et tué son enfant.

– Des difficultés à faire le deuil de la maternité ultérieurement et d’avoir d’autres enfants ensuite.

– Des problèmes psychologiques avec l’enfant avorté qui lui manque : elle ne supporte plus de voir un ventre de femme enceinte, un landau, elle se met à pleurer quand on lui met un petit bébé dans les bras, ce qui peut l’amener à faire une tentative de suicide, à souffrir d’une grosse dépression et à se retrouver à l’hôpital psychiatrique sur une longue durée… Sa famille, ses enfants et son couple sont menacés d’éclatement. Elle peut aussi sombrer dans de graves addictions, comme le tabac, l’alcool, la drogue, etc.

Les hommes et les femmes souffrent des effets du post-avortement (ou post-abortif) :

– Des pleurs incontrôlés, des troubles du comportement alimentaire, de la dépression.

– Chagrin intense/tristesse, de la colère, de la rage et de l’anesthésie émotionnelle.

– Une diminution de l’estime de soi, des abus d’alcool ou de drogues, flash-back ou cauchemars, pensées suicidaires peur d’être enceinte, anxiété/crises de panique, etc.

– Difficulté de voir des femmes enceintes ou un landau.

– Grossesses non planifiées, difficultés relationnelles, incapacité à se pardonner et à pardonner.

– Avortements à répétition.

– Des souvenirs répétitifs de l’évènement qui traumatisent encore fortement le présent vont survenir : la femme revient très fréquemment dessus, cela peut se passer et se reproduire à plusieurs années d’intervalle.

– Elle a des rêves répétitifs de l’évènement douloureux, où elle est  « en plein dedans !».

– La femme a l’impression que l’évènement traumatisant va se reproduire, elle se sent en sursis, en danger de mort imminente.

– Elle ressent un sentiment intense de détresse quand elle va se trouver exposée à des évènements lui rappelant un aspect de l’avortement.

– Elle va s’effondrer en rencontrant une femme enceinte, un landau, croiser un enfant, entendre les cris d’un bébé lui est totalement insupportable, voir un médecin ou une infirmière qui lui rappellent son I.V.G.

– Il survient à l’accouchement d’un autre enfant et il vient lui rappeler un sale souvenir de l’IVG, comme par exemple, les pieds dans les étriers, qui vont la faire hurler en repensant à l’enfant dont elle a avorté : elle a un retour d’images sur cet évènement douloureux.

– Un autre grand symptôme est la non estime de soi : « Je ne m’aime pas, je ne suis pas aimable, je ne vaux rien et mon enfant non plus ! Je n’ai pas su protéger mon enfant dans mes entrailles de mère ! etc… »

– Après l’avortement, elle ressent un sentiment de culpabilité, de ne pas être (ou avoir été) à la hauteur de la situation. Elle a trahi ses valeurs, son entourage, sa famille, sa propre conscience, etc…

– Elle a des pensées dépressives et suicidaires : elle a envie de rejoindre son enfant avorté (l’avortement brise le lien entre la mère et son bébé).

– La femme risque de vouloir rompre les liens avec beaucoup de personnes autour d’elle et cela va se transformer en isolement et elle va souffrir dans le silence.

– Elle prend de la distance avec tous ceux qui ont été de près en lien avec son avortement.

– Après un avortement, qui est d’une violence inouïe dans la vie d’un couple, un divorce survient très fréquemment malheureusement, car le couple va se reprocher mutuellement l’avortement, en se renvoyant mutuellement la culpabilité et la responsabilité de cet acte. Cela peut survenir parfois 30 ans après que l’avortement ait eu lieu. Le couple peut ne plus ressentir de plaisir sexuel après un avortement et le ménage risque de « tanguer fortement » et aller vers un divorce à plus ou moins long terme.

– L’enfant qui suit la grossesse non désirée et interrompue va naître avec son corps d’enfant, contrairement à l’enfant avorté. De ce fait, il va être le bouc-émissaire de tout ce qui ne s’est pas dit avec des mots.

– Elle va vivre avec ses autres enfants le syndrome du survivant d’avortement.

– Elle pense : « Finalement, ce bébé m’a montré que mon copain ne m’aimait pas, puisqu’il était avec une autre femme que moi !».

– Un avortement est un signe de la dysharmonie du couple et d’un manque d’amour entre eux ou que quelque chose ne va pas, est tordu : cela débouche sur des disputes et une situation sans issue. Il révèle et met en lumière un malaise qui était latent dans le couple.

– Le corps de la femme pourra être un révélateur d’un avortement, car en somatisant, la femme va avoir des cauchemars répétés.

– Elle va revivre sur le plan émotionnel l’expérience de l’avortement et elle va avoir à l’esprit des images déclenchant le processus de l’avortement.

– Quand le processus du revécu douloureux de l’avortement se met en marche, on ne peut plus l’arrêter.

– Elle ressent un très grand sentiment de colère, d’amertume qui ne peut pas se verbaliser avec des mots.

– Elle éprouve un sentiment de frustration envers les gens, de ne pas avoir été écoutée, entendue et contrainte à l’avortement, puisque l’entretien pré-I.V.G. a été supprimé pour les femmes majeures.

– Il s’installe peu à peu en elle un sentiment de vide et de manque.

– Elle éprouve de la colère contre le mari, contre le personnel de la clinique où elle a avorté, contre Dieu, contre tous ceux qui l’ont laissée faire cela.

– Elle ressent des flous, et de l’anxiété va s’installer, avec de l’irritabilité.

– Un de ses enfants, un plus particulièrement parmi les autres, va écoper de tout, de son agressivité rentrée : c’est en général celui qui est né après l’I.V.G. qu’elle a vécu très douloureusement. Elle est irascible ou au contraire d’un sur-attachement d’un enfant sur-couvé – surinvestissement sur lui.

– La douleur de l’évènement s’enracine dans des complications physiques de santé.

– Ces symptômes physiques vont cacher des troubles et des fragilités psychologiques très graves.

– Ce sont les mêmes symptômes pour une fausse-couche (F-C).

Les conséquences, les réactions seront différentes selon le contexte social, les convictions religieuses, cela ne facilite pas notre écoute et notre approche.

Personne ne la prend en compassion à cause du caractère volontaire de l’I.V.G. et c’est très difficile à la femme de s’en sortir et la femme doit être courageuse pour s’en sortir.

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